Le brasier des regrets.


         Je regarde par la fenêtre, il pleut. Dans la rue je vois des gens courir pour se réfugier, fuyant les larmes du ciel chagriné. Les femmes se ruent vers les balcons essayant de sauver leurs linges. Nostalgique, j’arrive à percevoir dans les gouttes de pluie qui s’écrase sur la vitre mes souvenirs les plus lointains, les seuls souvenirs heureux que je possède. La brume voile le soleil, ses rayons parviennent difficilement à nous atteindre, le quartier sombre dans les ténèbres. Le vent chante gravement, faisant danser les arbres dans les jardins. Les lumières des réverbères apparaissent dans la pénombre. 
          Et moi je suis seul à me demander la raison de mon existence si pénible, des larmes amères creusent leurs chemin sur mes joues ridés, le temps écoulé a laissé son empreinte visible sur mon visage, cette maudite maladie me détruit jour après jour, je ne suis devenue qu’un corps pâle et sans âme, incapable, et la solitude qui me ronge depuis beaucoup trop longtemps.
          Je me sens faible, j’essaie tant bien que mal de me diriger vers mon lit, je n’y arrive pas, mon souffle est court,  je suis dénué de force, peut être que ma fin est plus proche que je ne pourrai le penser, je décide de ne plus bouger, je ferme les yeux et pense, me remémore, qui suis-je. Un homme sans nom, j’ai vécu tant de mal, j’ai grandis dans un orphelinat, je n’ai jamais eu d'ami , je le regrette, j’ai laissé tombé l’amour de ma vie et je suis parti à la guerre  pour défendre mon soi-disant pays , je n’ai eu en retour que la jambe arrachée, je le regrette , j’ai sombré dans l’ivresse et ainsi j’ai fait en sorte que le peu de temps qui me reste à vivre ne soit synonyme que de douleurs et de souffrances, je le regrette.
             
           Mon cœur se tord et j’ai mal, un hurlement de peine et de désespoir, je pense à mes rêves, je regarde mes toiles, la peinture a été la seule chose qui me rendait heureux, gaie et joyeux. Ma seule forme de délivrance, je me sentais si libre, j’étais le maître de mes tableaux et rien ni personne ne pouvait changer cela, je les ai toujours gardé enfermés  dans ce taudis qui me sert de toit, je regrette de ne les pas avoir montrer au monde, j’était convaincu que je serai la risée du village si je le faisais, le vieux vétéran amputé qui se met à l’art quelle plaisanterie, dans cette campagne perdue au fin fond du pays les gens ont des idées qui m’ont toujours paru à moi insensées.
Des idées noires infestèrent soudainement mon esprit je encore suis conscient, j'ai l'impression que l'isolement m'a rendu paranoïaque et hystérique.
Trop tard, avec les derniers restes d’énergie en ma possession, je m’acharnes sur mes créations, je détruits tout, puis je me bats pour atteindre les allumettes qui se trouvent sur la table crasseuse et usée, une fois dans mes mains tremblantes je me débats pour en allumer le plus possible et les jette sur le tas, un immense brasier se forme sur le planché déjà abîmé, les flammes affamées dévorent mes toiles, un nuage de fumée obscure  commence à naître devant mes yeux, et se fraie un passage vers mes poumons. Je suffoque.
     Je n’ai pas peur de la mort, je l’ai choisie, vivre dans cet enfer avec tant de regrets est insoutenable, je préfère rendre l’âme que supporter encore ses tourments, je me blâme chaque jour de plus en plus, la mort sera l’un des seules plaisirs que je me serai accorder au cours de ma misérable vie, la pièce était devenue opaque entre temps, et la chaleur insoutenable je m’effondre de ma chaise roulante mes yeux me brûlent et la vapeur empoisonnée fait son effet, un torrent de lave ardent se déverse sur mes entrailles je ne respire plus, je m’abandonne, mon âme me quitte j’entends des cris et la sirène du camion des pompiers, pauvres braves gens il n’y a plus rien à sauver; je suis déjà mort depuis des années.  

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